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samedi 26 mars 2016

Descente dans l'enfer des mines de Potosí


Potosí, nous n’y aurons finalement passé que deux jours mais je crois que l’on peut bien y consacrer un article entier. Je ne m’étendrai pas sur les différentes visites que nous y avons effectué. Une seule nous aura suffisamment marqués pour que nous ne parlions que d’elle.





Cela représentait un peu un passage obligé pour nous parce que nous entendons parler du travail dans les mines depuis un bon moment déjà et qu’à Potosí, il est possible de visiter des mines d’argent qui sont toujours en activité. On pourrait croire que c’est du voyeurisme parce que tu peux visiter ces mines pendant le temps de travail des mineurs. Mais, a priori c’est fait dans l’objectif de sensibiliser les personnes au métier de mineur et à la pénibilité de leur travail.
Il reste quand même un arrière goût de tourisme humain…



Comme d’habitude, ce n’était pas prévu mais nous organisons notre visite un jour férié, le vendredi saint pour être plus exact. Ce jour là, il n’y aura donc aucun travailleur dans la mine et pour nous, c’est plutôt mieux comme ça.
Nous avons choisi d’être guidé par une guide qui parle français pour que les enfants comprennent tout de cette visite.



Les conditions de vie des mineurs sont tout à fait inhumaines…Ils travaillent entre 24 et 36 heures dans les mines non-stop, et bien entendu, les enfants commencent à y travailler vers 14 ans. La moyenne de vie d’un mineur est d’environ 45 ans, dûe, entre autres à la contraction de maladies pulmonaires, à l’air vicié des mines, à la dangerosité du travail. Le boulot le plus dangereux : celui qui allume les explosifs, la mèche est courte, ils se les payent eux mêmes et coupent les mèches en 4 pour faire des économies.

Ils endurent donc ce travail en consommant de manière excessive des feuilles de coca, de l’alcool à 95 °C et du tabac durant leur 24 heures ou plus dans la mine sans jamais manger ou boire autre chose.


Avant d’aller à la mine, on fait un arrêt au marché des mineurs, où notre guide nous montre tout ce dont a besoin un mineur et les achats qu’il fait avant de commencer à monter vers les galeries du Cerro Rico.
Alcool à 90°C, feuille de coca, tabac

explosifs et mèches

Puis on te fait enfiler une petite combinaison très seyante et nous prenons la direction de l’une des très nombreuses galeries de cette mine surexploitée. La montagne a en effet perdu 80 mètres d’altitude sur 4000 mètres dû à son exploitation intensive.




Une fois n’est pas coutume mais un peu d’histoire ne nous a pas fait de mal alors je vais tenter de retracer l’histoire de ce Cero Rico.

 Image of Potosí from Antonio de Herrera y Tordesillas, Historia general (Antwerp: Juan Bautista Verdussen, 1728).


« L’histoire de Potosi commence en 1544, quand l’Inca Diego Huallpa, accompagné par quatre soldats espagnols, découvrit par hasard un filon d’argent dans le Cerro Rico (« la montagne riche »). Jusqu’à cette date le mont était un huaca, c’est à dire un site d’adoration des divinités.

La nouvelle se répandit vite, les Espagnols s’approprièrent rapidement le Cerro Rico et commencèrent à exploiter la montagne à partir de 1545. Des milliers d’esclaves Indiens furent amenés pour creuser dans les mines. Mais ce travail était tellement meurtrier (accidents, conditions, de travail et d’hygiène, silicoses…) que les Espagnols firent aussi venir des esclaves Africains par bateaux entiers pour palier la pénurie de main d’œuvre.
Les mineurs travaillent, mangent et dorment donc sans voir la lumière du jour pendant des mois. On raconte qu’à leur sortie, il était nécessaire de leur bander les yeux pour ne pas que la lumière du soleil les rende aveugles…



Dans ces conditions atroces, les travailleurs ne tiennent pas longtemps et leur taux de mortalité est extrêmement élevé. On estime qu’il y a eu entre 7 et 8 millions de morts parmi les esclaves Indiens et Africains travaillant dans les mines de Potosi sur l’ensemble de la période coloniale (de 1545 à 1825, date d’indépendance de la Bolivie).
Ainsi, au XVIe siècle, Potosi livre 240 tonnes d’argent en moyenne par an à la couronne Espagnole, ce qui en fait de très loin la plus grande mine d’argent du monde, et la plus rentable. 



Éventrée de toute part la montagne se montre maintenant bien moins généreuse qu’auparavant: quand au XVIe siècle on obtenait 200 kg d’argent par tonne extraite des mines, on doit aujourd’hui se contenter d’un petit kilo… 


Enfin, la mine a été nationalisé avant le gouvernement d’Evo Morales et aujourd’hui l’état passe des contrats d’exploitation avec des coopératives de mineurs. Le principal changement apporté par notre époque réside dans le fait que la plupart des mineurs travaillent aujourd’hui pour leur compte. Réunis en coopératives ouvrières, ils mutualisent le matériel, se répartissent les secteurs collectivement et négocient en groupe la revente. Les « mineros » peuvent espérer gagner 1000 bolivianos (Bs) par semaine quand le salaire moyen bolivien tourne à 1500 Bs par mois (il faut environ 10 Bs pour faire 1,4 €).  Tant que les mines étaient privatisées, les tunnels était à peu près répertoriés, mais depuis la nationalisation, c’est du grand n’importe quoi. Il existe bien évidement des règles à respecter quant à la possibilité de forer de tant de mètres en profondeur, et sur les cotés par rapport à la veine principale, mais cela n’est que peu ou pas respecté.



Deux heures donc au sein de ces mines à suivre ce petit bout de femme dont quasiment toute la famille a travaillé dans cette mine... En réalité au bout de 10 mn, tu n’en peux plus, tu souffles, dos courbé, tu marches dans l’eau…et plus tu descends, plus il y fait chaud (jusqu’à 30 degrés en été parait-il). Tu rampes un petit peu pour arriver à un autre filon principal. Tu ne te relèves jamais réellement de toute ta taille. Et tu imagines, tu ne peux qu’imaginer, les mineurs passant toute leur journée à travailler dans ces conditions.



Et tu arrives dans une petite grotte réservée pour le Dieu de la mine "el Tio"  auquel  tous les mineurs vouent un culte important. Il parait que l’on en trouve un peu partout dans les mines. Peux t-on évoquer l’interrogation dans les yeux de mon fils devant ce Tio, au pénis  totalement disproportionné..?? « J’ai le droit de parler de ça ou juste on fait semblant que tout est normal??? »



Puis offrande de feuille de coca, versement de l’alcool sur el tio et notre guide fait fumer el Tio.

Deux heures de visite de la mine avec cette très bonne guide nous auront bien remués, interrogés sur les conditions de travail au 21ème siècle, sur l’exploitation de l’homme par l’homme, sur la mise en danger de ces hommes au quotidien, et leur nécessité de travailler pour faire vivre leur famille…



Sinon, on a aussi bien galèré avec la casa rodante dans la ville de Potosi à 4090 mètres d’altitude avec un dénivelé conséquent dans la ville et des petites ruelles bien étroites.  On s’est trouvé un petit bivouac un peu par hasard dans un parking d’hôtel qui, à force de supplications, nous a ouvert ses portes pour la nuit. Difficile également d’en partir, des travaux partout, des déviations qui au bout du compte n’en sont pas,où tu finis par te retrouver au fin fond d'une ruelle en terre…Et donc, y aurait-il un panneau d'indication, por favor? y a quelqu'un??"

Lieu de notre bivouac ! Pari gagné Raph une photo à Copacabana avec une belle fille dessus Non ?

La Casa de la Moneda

Petit exemple de la chaîne du froid mais ce ne sont que les premières découvertes

Ça donne bien envie...






Chant de quinoa

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